7.1.07

Aube

J'ai embrassé l'aube d'été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.
En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.

Arthur Rimbaud, Illuminations


for alan



Dawn

I embraced the summer dawn.
Still nothing was stirred on front of palaces. Water was dead. Shadow camps didn't leave the woodland road. I walked, waking vivid and warm breaths; and precious stones looked on; and wings rose without a sound.
The first venture was, in a path already filled with fresh and pale gleams, a flower who told me her name.
I laughed at the blond
wasserfall dishevelling through fir trees: at the silver summit, I recognized the goddess.
I then lifted up the veils, one by one. In the lane, waving my arms. Across the plain, where I denounced her to the cock. In the city, she fled among steeples and domes, and running like a beggar on marble quays, I chased her.
Above the road, near a laurels wood, I wrapped her with gathered veils, and I felt a little her immense body. Dawn and child fell down at wood bottom.
On waking up, it was noon.